Oasis - Réaménagement intérieur
Ressourcerie circulaire
Dans le cadre du projet Oasis porté par REI Habitat et et la Sem PariSeine, lauréats du second concours Réinventer Paris, l’ancien Musée de la Libération situé sur le Jardin de l’Atlantique va bientôt connaître de nouveaux usages mixtes.
C’est tout naturellement, dans une démarche d’urbanisme transitoire qui guide de plus en plus nos villes et nos vies que l’Armée du Salut occupe ce rez-de-chaussée de l’aile ouest pour ouvrir une ressourcerie éphémère. L’agence d’architecture pluridisciplinaire WAO a fièrement conçu ce projet d’aménagement intérieur pragmatique et circulaire. Engagés dans cette démarche de diminution des déchets et de conception vertueuse, nous avons souhaité tirer le maximum de l’existant et de ses opportunités.
Réutilisation des espaces et adaptation à de nouveaux usages
Le réemploi et la réversibilité ont été au cœur du projet. L’intention première a été de réutiliser au maximum l’existant en tirant bénéfice des installations muséographiques et de minimiser les actions inutiles. Il a été question d’adapter la conception en prenant en compte le contexte particulier, comme on le ferait avec une topographie ou un tissu urbain, mais à l’échelle de la scénographie. Il y a eu très peu de démolitions et les éléments déposés ont été réutilisés sur place :
- L’ensemble des 10 vitrines métalliques scellées au sol a été conservé afin de délimiter clairement la boutique ouverte au public et l’espace de tri. Les vitrages préexistants permettent une transparence mettant en valeur le réemploi et le travail de l’Armée du salut ;
- Les faux plafonds du site ont été déposés pour être refixés sur les supports d’exposition en métal en périphérie du musée afin de constituer les tables de tri ;
- Les luminaires de l’ancien musée qui étaient intégrés dans les supports d’exposition ont été remis en état et réemployés afin d’éclairer l’ensemble de l’espace visiteur et de tri. Les 60 tubes fluorescents ont été suspendus et disposés pour marquer des lignes de fuite sur le plafond technique de la pièce. Cela créé une continuité visuelle entre l’espace public et celle de travail ;
- D’anciennes armoires récupérées par l’Armée du Salut ont été couchées et mises sur roulette pour faire des bac de tri ; dans certains cas elles ont servis de point d’ancrage des cloisons.
Temporalité et fin de vie anticipée
L’enjeu de ce projet réside dans sa courte temporalité, nous poussant à une démarche opportuniste consistant à assurer la réemployabilité des matériaux et aménagements que nous dessinons.
- Toutes les vitrines de l’espace boutique ont été habillées d’étagères, de supports et de caisses de rangement qui deviendront plus tard des bancs et des assises ;
- Les cloisons séparatives entre les vitrines, conçues pour devenir des tables à leur démontage, incluent d’ores et déjà les pieds et les vis ;
- Les comptoirs ont été conçus en module afin de pouvoir s’adapter à toutes les configurations lors de leur réintégration dans le futur projet d’hôtellerie.
Engagement dans le réemploi
L’agence WAO, engagée dans la création et la mise en œuvre de filières de réemploi, s’est positionnée en facilitateur. Cette démarche circulaire menée par l’agence est double :
- En phase conception : nous dessinons des éléments dans le respect des normes et du cahier des charges de la maîtrise d’ouvrage, tout en gardant une certaine flexibilité dans la nature des matériaux et des assemblages.
- En phase réalisation : il s’agit de s’adapter aux contraintes d’approvisionnement des matériaux et à la nature des gisements, et de déterminer avec les entreprises les assemblages propices à la seconde vie (absence de visserie sur les futurs plateaux de tables, par exemple). Nous avions également divisé en deux le lot menuiserie afin de correspondre aux capacités de production et aux gisements de Re-Store (Remake + Jocko) et Extramuros. L’un proposa la confection des quelques panneaux à partir de bois raboutés, l’autre a produit une grande quantité de caissons en associant OSB et contreplaqué récupérés sur divers sites.
Photographies: © Aurélien Chen